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En mai 44, Malraux accompagné de deux officiers britanniques, Cyril Whatney et Richard Pinder, se présente au colonel Georges chef des FTP du LOT soi -disant mandaté pour regrouper les maquis Vény, ceux de l’ORA et FTP en un seul état-major au nom de l’efficacité sans préciser au nom de qui il parlait : de De Gaulle, des Américains, des Anglais ?
Malraux présentait les avantages de cet état-major: outre l’efficacité, le financement, les appuis anglais, l’armement,tous les problèmes matériels …..
L’affaire pouvait être tentante mais « Georges fit remarquer à Malraux que les FTPF n’avaient pas de problème de financement, leur doctrine en la matière étant de faire payer l’état de Vichy, quant’à l’armement le major MacPherson parachuté et le commando US présent les pourvoyaient suffisamment en armes.
Restait le problème de l’efficacité. La réponse ne pouvant être donné à son échelon, le colonel Georges lui conseilla de s’adresser à l’échelon supérieur. Pour le convaincre Malraux lui indiqua qu’une compagnie du Lot le suivait déjà. (Il était parvenu à convaincre une compagnie confiée à un sous officier d’active du nom d’Hubert alors sous la responsabilité du colonel Georges qui le convoqua pour mettre les choses au point .Hubert ne vint pas au rendez vous et préféra s’exiler dans l’Aveyron. On retrouvera ce groupe lors de la catastrophique opération du 23 juin 1944 à Capdenac au lieu-dit-dit Lavayssière. Après avoir saboté les aiguillages Ils furent surpris par un détachement allemand à la sortie du tunnel de Capdenac. Vingt-et-un maquisards furent tués à Lavayssière et onze furent faits prisonniers et fusillés ) Plus de la moitié de son effectif avec armes et bagages réintégra les FTP du Lot quelques jours plus tard .
Après enquête, Malraux bombardé par lui même colonel Berger, n’a eu aucune activité résistante et aucune autorité pour un commandement .
On aurait pu penser qu’il ait pu appartenir à un organisme du War office et plus particulièrement au S.O.E (Spécial Opération Exécutive -Services secrets britanniques chargé de l’action en Europe) mais le colonel Buckmaster, chef de cet organisme pour la France a démenti après la guerre que l’aîné des Malraux ait jamais appartenu à cet organisme .
Les chefs des maquis de Corrèze n’ont guère plus de souvenirs. Dans l’ouvrage « les maquis de Corrèze » on peut lire à la page 535, ce témoignage de Roger Lescure , chef des FTPF puis des FFI en Corrèze : »Au cours d’une tournée en Dordogne et dans le Lot en ce mois de juillet 1944, j’apprends l’existence d’un personnage se faisant appeler colonel Berger, et se disant « chef régional FFI » pour les trois départements : Lot, Dordogne, Corrèze. Intrigué, j’en parle au colonel Rivier, chef régional FFI de la Région R5 lors d’un de ses passage en Corrèze. Lui non plus n’a pas connaissance des attributions de ce « colonel » et me confirme qu’il est jusqu’à preuve du contraire, le seul chef FFI de la région5″….. « Vers la mi juillet a lieu dans un champ du côté de Neuvic-d’Ussel, une réunion des chefs des formation FFI de la région 5, en présence du délégué militaire national « Polygone » (Bourgés Maunoury ). J’en profite pour poser à ce dernier cette question : « Qui est ce colonel Berger, d’où vient-il, qu’elles sont ses fonctions ? réponse de polygone : »Le colonel Berger n’a aucune fonction, aucun commandement dans les FFI » et il ajoute : »Vous FFI, (AS et FTPF) n’avez d’ordre à recevoir que de vos chefs respectifs, c’est à dire du colonel Rivier pour la R5″
Dans le même ouvrage, André Odru, commissaire aux effectifs FTP Corrèze déclare : »On nous annonce un jour qu’André Malraux dit « Colonel Berger »propose que les unités FTP de Corrèze se mettent sous ses ordres. Nous ne répondons même pas à cette offre grotesque « Par contre , l’agitation de ce nouveau venu, général sans armée, qui cherche en dehors de nous, à prendre contact avec nos unités, la confusion qu’il entretient au sud du département, tout cela risque d’affaiblir notre dispositif de sécurité antiallemand ». Le comité militaire, en présence de Roger Lescure, prend la décision d’éloigner Malraux de Corrèze. »
Devant l’échec, Malraux passera dans le Lot où il rencontrera le même succès (Entrevue avec le colonel Georges)
Eloigné de Corrèze, de Dordogne, du Lot par les FTPF, quelque temps plus tard, revenant d’Albi (après avoir fait la même tentative? il sera arrêté par les allemands à l’entrée de Gramat, le chauffeur sera tué, un garde du corps blessé et lui même légèrement blessé. Pourquoi ne fut-il pas fusillé? Tout maquisard pris par l’ennemi, les résistants peuvent en témoigner, étaient au mieux fusillés et plus généralement massacrés, a plus forte raison pendant cette période où les Allemands étaient acculés et harcelés par les « terrorist »
Incarcéré à la prison Saint-Michel à Toulouse, libéré par les FTP avec tous les autres prisonniers le 20 ou le 21 août, Malraux regagne la Corrèze où il prendra bientôt la tête de la brigade Alsace-Lorraine.
Quand on interrogeait Malraux sur la légende complaisamment entretenue de ses faits d’armes en résistance :
-comment avait vous bâti votre légende ?
« – je n’ai jamais rien démenti ,lâchait-il avec un sourire.«
Peut-être avec Jean Lacouture * faut-il reconnaitre qu’il a quand même parfois payé pour mériter sa gloire : « Tous les cinémas, tous les tours d’illusionnistes et tous les coups de bluff ne peuvent faire qu’il n’ait été , quelques fois dans sa vie celui par qui les mots prennent leur poids et leur sens, parce que le discoureur s’offre aux coups »
Jean Lacouture « André Maraux une vie dans le siècle » Edition du Seuil
Mais était-il utile d’ajouter à sa gloire une résistance qu’il n’avait quasiment pas faite ?
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