
*Paul Ramadier, député socialiste de l’Aveyron de 1928 à 1040, de 1945 à 1951 et de 1956 à 1958. Il est maire de Decazeville de 1919 à 1959. Avocat, néo-socialiste ( tendance née de la scission de la SFIO au congrès de Tours à laquelle appartenaient P. Renaudel, et les futurs collabos A Marquet, Deat). Seul parlementaire de l’Aveyron à ne pas voter les pleins pouvoirs à Pétain; Déchu de ses fonctions de maire le 26 avril 1941 (Pour la seule raison qu’il était franc-maçon).
Aucune source écrite de première main n’existe, seuls les témoignages oraux ou écrits permettent de situer Ramadier dans la Résistance. Ce sont des sources fragiles, incomplètes et peu précises et toujours issues de ses amis socialistes. La résistance communiste lui dénie toute participation réelle. En juillet 1942, le commissaire de police de Decazeville note « M. Ramadier, ancien ministre,s’abstient de toute manifestation » A.D Aveyron DOS.201W69-75)
Il est évident pour ses amis socialistes que Ramadier n’approuve pas les actions violentes, les attentats, les pillages éventuels ; il conçoit plutôt une résistance morale et politique, il approuve les noyautages, la quête de renseignements, les liaisons avec Londres. Mais l’action des maquis le déconcerte. L’univers des maquis et la violence suscitent chez lui une grande incompréhension ; Missa, personnalité socialiste reconnue et incontestable de la Résistance estime qu’il ne cerne pas bien les aléas de la vie clandestine, la nécessité des réquisitions, des pillages de banques, les risques de délation, qui entraînent des actes de vengeance et de punition. En 1944, Le 9 mars Garcia Henri*(H)participe , avec *Pierre Delpech (H)(futur maire communiste de Decazeville élu en 1977). à l’exécution en pleine rue, du commissaire de police, Georges Roche, à qui les résistants reprochaient son zèle et sa brutalité vis à vis des résistants à Decazeville. Ramadier a fortement désapprouvé cette action. Le Docteur Delpech, son futur adversaire communiste des années 50, jeune maquisard FTPF au maquis d’Ols affirme qu’il tenait les maquisards pour des voyous (Confirmé par VITTORI (commandant Marc)
Au lendemain de la défaite, il est naturellement écarté du pouvoir : il a refusé les pleins pouvoirs et son appartenance à la Franc Maçonnerie est notoire. Il ne sera cependant guère inquiété ; il conserve même sa mairie jusqu’en mai 1941. Mais il mène la vie de parlementaire aux champs comme nombre de ses collègues anciens députés, brusquement privés par les circonstances exceptionnelles de ce qui faisait leur raison de vivre et leur activité. Ils souffrent de l’oisiveté forcée et connaissent l’ennui. Certains reviennent à leurs études, lisent ou écrivent ; ils correspondent entre eux, avec précaution, en attendant des temps meilleurs. Ce sont des opposants mais il serait excessif de parler de résistants à leur propos : certes ils désapprouvent les orientations du régime, mais s’ils font des vœux pour la défaite de l’occupant, leur opposition ne va guère au-delà : il est vrai que la police a les yeux sur eux et qu’ils doivent se garder de toute imprudence qui en compromettrait d’autres. A cet égard le comportement de Paul Ramadier a été bien différent de celui d’Henri Queuille par exemle, avec lequel il présentait pourtant des ressemblances, qui, lui, a sauté le pas pour rejoindre le général de Gaulle qui lui confiera de grandes responsabilités à Alger.
A l’occasion du mariage de son fils, Ramadier se rend à Paris ; ce sera sa seule visite dans la capitale. Il note que les Parisiens paraissent soumis à l’occupation sans l’accepter et que les allemands qu’il observe presque pour la première fois sont corrects, sans morgue et indifférents . Ainsi Ramadier est étonné et perplexe devant ces vainqueurs, nombreux, jeunes, dynamiques, simples et courtois (Courtois(sic), Ramadier ne peut pas ne pas savoir que quand il ne s’agit plus du contact banal de la rue, tout change. L’autorité allemande commande et se fait obéir avec une brutalité inouïe. Elle ne tient ni à la justice, ni à la logique. Mais chaque attentat dirigé contre elle doit provoquer la terreur ». Aussi « police et terreur sont deux ressorts essentiels de la force allemande. Les exécutions d’otages sont faites elles aussi sur les indications indirectes des autorités françaises » ; elles sont au nombre de trente par semaine environ.
Quand la situation militaire s’améliore, Ramadier est inquiet des perspectives d’avenir. « En France le courage des communistes, leur résistance à Vichy et aux Allemands, les victoires soviétiques, la mollesse des syndicalistes réformistes, l’impopularité des réactionnaires donneront aux forces communistes une vigueur renouvelée ». Donc, après la victoire, le PC dominera, même si un gouvernement de Front populaire se constitue, car la « loyauté communiste sera de façade… Le nouveau Front populaire ne sera jamais qu’un expédient subalterne et dangereux«
A la libération, avec pour seul viatique son vote négatif aux pleins pouvoirs à Pétain en 1940, il sera élu député à l’Assemblée constituante du 21 octobre 1945
Serge Ravanel , polytechnicien , officier de liaison du Mouvement Libération-sud , chef national des groupes francs , FTPF, Chef des Forces Françaises de l’Intérieur ( FFI ) de la région toulousaine , Chef de bataillon notera, à la nomination de Ramadier, chef du gouvernement en 1947 : « …..L’esprit de la résistance, c’était le respect de certaines règles et principes, tant dans la vie sociale que politique. On a instauré à la place, une IVème République qui, de dérives en dérives, allait devenir une réplique de la IIIème dont nous ne voulions à aucun prix le retour. Mener un si dur combat pour rendre à la France une nouvelle jeunesse, un dynamisme, un esprit d’enthousiasme et de sacrifice pour finalement hériter d’un Ramadier en 1947….Amère victoire ! »
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