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Après avoir regagné ses cantonnements suite aux combats de Carmaux le 19 juillet 1944 et à peine le PREMIER BATAILLON de FTPF DE L’AVEYRON formé (Le 23 juillet 1944, voir plus haut), on annonce une colonne allemande , la colonne Wilde* venue « nettoyer » le Lot et le Bas-Rouergue, secteur du maquis d’Ols .
La 11ème Panzer Division qui est mise à contribution dans la lutte contre les maquis possède, entre autres, une unité d’intervention , groupe de combat, le groupement Wilde, du nom du Lieutenant-Colonel qui le dirigeait : Traugott Wilde. Il est constitué de deux bataillons (entre 1 000 et 2 000 hommes chacun), motorisés et munis de batteries provenant du 111ème régiment de grenadiers blindé. Le groupement Wilde est chargé après le 10 juin de prendre au sud de Brive, la place de la 2ème Panzer Division SS, la tristement célèbre « Das Reich » remontée vers la Normandie , après le débarquement des forces alliées du 6 juin.

24-25 Juillet Les combats de Gelles
Le 24 juillet, une colonne forte de deux milles hommes avec camions et blindés est donc annoncée sur l’axe Cahors-Figeac-Villefranche de Rouergue. Les maquis FTPF du Lot et le maquis d’Ols en accord décident de poster des embuscades sur cette route chacun dans leur secteur : Les FTPF du Lot entre Cahors -Figeac et au pont de La Madeleine commun au département du Lot et de l’Aveyron, le maquis d’Ols sur les routes de Decazeville, Villefranche ,Najac. Devant le danger, une réunion a lieu à Loupiac. La encore, les chefs Veny, O.R.A et CFL décident de décrocher sans combattre. Les FTP du Lot et d’Ols eux sont déterminés à harceler ces colonnes sur leur passage. Les premiers éléments de la colonne qui arrivent à La Madeleine sont accrochés par les FTP du Lot qui leur infligent quelques pertes. Le pont qui devait sauter n’est qu’endommagé et laisse passer l’infanterie, dans un premier temps et les blindés après avoir été réparé. (Notons ce rapport FTPF du Lot le 25 juin 1944 : « Routes N140 : minée à la hauteur de Lacoste, Pont de Camburat sauté-un détachement en embuscade. Minée à la hauteur de la route de Bouyssou, un détachement en embuscade, minée à la hauteur d’Aynac Etc...N122 sud : pont de la Madeleine réparé. Les allemands sont passés. La 2311ème met en place un dispositif au mas de Noyer pour battre le pont et le reminer »
Les premiers éléments d’infanterie de la colonne, arrivés au croisement de la route de Gelles-Foissac et de la nationale Paris-Toulouse se heurtent à une embuscade montée par la 4201ème Cie du maquis d’Ols avec une soixantaine de combattants. Si le pont de la Madeleine avait été détruit, le 1er Bataillon n’aurait du avoir a affronter que des unités de fantassins mais les maquisards ignoraient que les blindés étaient passés)
« La mission est d’attaquer la colonne par un feux nourri d’une ou deux minutes et de décrocher en suite. »Pourtant , le combat durera deux heures et les allemands ont des pertes sérieuses, mais le pont de La Madeleine réparé a laissé passer les blindés qui contournent les combattants du maquis et leur imposent le décrochage sous les tirs d’armes lourdes et huit maquisards sont tués :
ALTERANO Pierre (H)« Jourdan » Sergt. ARTIS Albert (H)« Attila » BOYER Maurice (H) « Faidherbe » FALEAS Victor « France » GOETCHEL Maurice (H)« Sully » KRAZICK Etienne(H) « Juin » PEREIRA Jean(H) « Laperouse » RENOU Jean (H).
Le lendemain, 25 juillet, nouvel accrochage avec des forces du maquis plus importantes. Les SS, compte tenu des attaques incessantes, sont déchaînés, ils égorgent les blessés, les arrosent d’essence et les brûlent ici, sur la route. les pertes seront nombreuse de part et d’autre, sept maquisards trouveront encore la mort
CZAJKOWSKI Joseph(H) « Barat » FERNANDEZ Joseph (H) GORNAY Roger (H)« Berthier » GUERTZEN Jules « Jules » PORTA Raymond (H)« César » Lieut. RINALDI Armand « Garibaldi » (H) TOULZE Georges « Chanzy » (H) Ajoutons RODRIGUEZ Manuel(H) tué lors de la destruction du pont de Toirac dans l’après-midi du 25 Juillet, ordonnée par le commandant MARC en accord avec les FTPF du Lot pour empêcher d’être pris à revers par les unités allemande traversant le Lot par le pont.
Le docteur Delpech encore, lors du vingtième anniversaire des combats de Gelles :
« Quelques jours après les combats de Carmaux, les 23,24,25 juillet , les hommes à peine reposés attaquaient la fameuse division Das Reich. Nos jeunes maquisards se battirent comme des lions contre l’armée allemande. Nous avions engagé dans ce combat un millier d’hommes avec un armement léger (mitraillettes, fusil-mitrailleurs , mitrailleuses , grenades)contre un ennemi supérieur en nombre , en matériel et pourvu de blindés. Malgré cette infériorité technique, les pertes infligées aux nazis furent très lourdes : des rapports allemands qui tombèrent entre nos mains font état de plus de cent morts et blessés (en tous cas hors de combat) Qui ne se souvient dans la région de ces journées héroiques , mais qui ne se souvient aussi de la rage des SS égorgeant nos blessés, les arrosant d’essence et les brulant ici sur la route ? Dix huit camarades trouvèrent la mort, parmi lesquels plusieurs des plus anciens du groupe du camp Dominique Vincetti. »
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Villefranche de Rouergue les 24 et 25 juillet
La colonne allemande attaquée à Gelles arrive à Villefranche de Rouergue en milieu de journée. A l’entrée de la ville, ils font prisonnier trois FTP : Benne (H) Lambert Emile (H) Toulouse J.E.(H) qui sont interrogés et torturés dans l’après-midi du lendemain 25 juillet. Les nazis tentent, en vain, de leur arracher des informations sur le maquis. Menottés, ils seront conduits autour de 15 heures au bois du Couati où Paul Benne et Émile Lambert sont assassinés d’une balle dans la nuque sous les yeux de Toulouse. Celui-ci est conduit au camp FTP renseigné par des indicateurs*. Vers 16 h 30, une centaine d’Allemands donne l’assaut à une ferme où les maquisards ne sont plus là, ayant gagné le point de repli à l’approche des SS. Et en début de soirée, les assaillants quittent les lieux après avoir mis le feu au bâtiment. Ce n’est que le lendemain que le corps de Jean Toulouse fut retrouvé sur un tas de braises. Paul Falipou , un jeune, travaillant sa vigne, a été tué par les balles des mêmes assassins.
*Les dénonciateurs sont Freda Stern (Une espionne Sarroise « réfugiée » à Villefranche) et son père. Ils étaient surveillés, mais par excès de scrupules , les FTP les ont arrêtés et exécutés trop tard.
Dans le même temps les allemands établissent des barrages sur les routes menant à Villefranche. Une voiture transportant plusieurs FTP légaux est interceptée : Maurel André (H), Mouly Henri(H), Vèdrine(H), Dintillac Raymond(H). Le combat dure peu, à vingt contre un, à la mitrailleuse et à la grenade, trois maquisards, Mouly, Védrine et Maurel sont abattus. Un quatrième, Dentillac a sauté à temps et réussit à s’enfuir.



Les troupes allemandes quittent Villefranche dans le courant de l’après-midi du 26 juillet 1944 poursuivant leur périple sanglant vers Albi.
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