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Les soviétiques réclamaient le débarquement depuis deux ans. Les responsables de la résistance s’étaient souvent posés la question : Les américains et les anglais ne le retardent-ils pas pour laisser les armées allemandes et soviétiques s’étriper ? Par ailleurs, au bout de combien de temps peut-on être assuré qu’il a réussi? Une tête de pont de cette importance demeure vulnérable pendant plusieurs jours. C’est plus qu’il n’en faut pour une riposte des blindés allemands. L’armée allemande est encore puissante et agressive d’où l’importance de fixer les allemands dans les régions et les freiner vers la Normandie Les FTPF reçoivent l’ordre national « d’accentuer la guérilla partout où le rapport des forces ne joue pas en faveur des patriotes en armes. Les sabotages devront se multiplier, tout particulièrement sur les voies ferrées, les embuscades se faire plus nombreuses , les maquis être plus agressifs .La pression doit encore s’intensifier. Chaque allemand fixé dans la région est un homme de moins en Normandie »
La nouvelle du débarquement se répand dans tout le pays. Des centaines de jeunes partent dans les bois à la rencontre du maquis. C’est une partie de ces jeunes volontaires qu’on retrouve dans la tragédie de Gabaudet et Capdenac(Lavaysssiére)
Le 8 juin , Das Reich reçoit l’ordre de rallier la Normandie mais, comme en Russie, elle reçoit aussi l’ordre, besogne classique des SS, de « nettoyer » en priorité les arrières du front
Dans l’Aveyron, l’opinion publique se divise mais pour l’essentiel, dire que la population saute de joie serait oublier le fort ancrage pétainiste dans le département. Pour les commerçants, bourgeois, industriels et clergé le débarquement c’est le retour de la guerre dans le département et la victoire des alliés, l’antichambre de la victoire des bolcheviques mais aussi rendre des comptes à terme de leur collaboration avec Vichy et les allemands. Pour les paysans, »terre à terre, cupides » l’inquiétude principale est de pas pouvoir continuer à vendre à « bon prix » leur production.
La presse locale désinforme à tout vent les journaux locaux affichent en première page les communiqués allemands et, à propos des bombardements des villes, parlent de barbarie païenne et déforment et désinforment à tout-va. « Les troupes anglo-saxonnes anéanties dans tous les secteurs subissent de lourdes pertes et sont en passe d’être rejetées à la mer par des contre-attaques allemandes ». l’Union Catholique ajoute, le seul danger c’est toujours le bolchévisme « infernal ennemi de la France,de la civilisation chrétienne et de l’humanité » La dépêche n’est pas en reste qui affiche elle aussi sans sourciller les communiqués allemands et parle de contre-attaque qui se déroule favorablement





Mais en bas Rouergue, compte tenu de l’activité soutenue des FTPF du Lot et du maquis d’Ols, personne ne tient aucun compte de la propagande Vichyste et une majorité se réjouit ouvertement du débarquement surtout les milieux ouvriers. La région est en quasi insurrection. Le maquis est chez lui. Il réquisitionne, prélève, multiplie les attentats, règle leur compte aux miliciens et collaborateurs. Les GMR ont été obligés de se retirer à Rodez et la municipalité Vichyssoise de Tourtonde nommée par le préfet Marion a trouvé plus prudent de démissionner. C’est le maquis désormais qui incarne l’autorité. Le pouvoir vichyste en déliquescence et ne tient qu’à la présence de l’armée allemande. La succession d’opérations depuis fin mai visant les gendarmeries a éliminé leur capacité de riposte et de répression et les incite pour les plus prudents à rallier la résistance.(on a noté plus haut que le maquis d’Ols a augmenté sa puissance de feu en s’emparant de leurs armes.) Les policiers systématiquement désarmés le pouvoir est totalement impuissants face à la résistance.(Les GMR du bassin ont du être repliés sur Rodez dés le 22 juin 1944)
Le 12 juin, le secrétaire général de la préfecture de l’Aveyron (Le préfet a été arrêté par les allemands*) écrit au préfet régional: »……il parait certain que l’autorité préfectorale dans l’Aveyron est réduite à l’impuissance, le nombre de maquis est tel que les forces de maintien de l’ordre regroupées ne peuvent se mesurer à celles du maquis.Par ailleurs, ceux-ci ont un armement 2 à 3 fois supérieur de la gendarmerie et supérieur même à celui des GMR. La population dans sa majorité est axée vers le maquis et leur est entièrement favorable. Dans ces conditions, il ne me parait pas possible avec les forces de l’ordre dont dispose le département d’effectuer quelque opération de police que ce soit……. »
Et le 10 juillet 1944 le secrétaire général de la préfecture notera dans un rapport au ministère de l’intérieur « Depuis le débarquement, le département est en pleine effervescence; les maquis sont à peu prés partout chez eux. Si en l’absence du préfet *, j’administre le département et si j’exerce quelque pouvoir, c’est vraisemblablement parce qu’il y a quelques troupes allemandes à Rodez; sans cela il est probable que le département serait entièrement administré par la Résistance (–). l’arrondissement de Villefranche et plus particulièrement le Bassin houiller sont entièrement aux mains du maquis(–)
*Le préfet Dupiech a été arrêté le 10 mai 1944
Dès lors, pour le mois de juin 1944, les opérations et évènements spectaculaires vont se succéder avec en corollaire des actes de répressions toujours plus sanglants.
Le 5 juin, colonne allemande à Mémer Outre les actions contre les collaborateurs et la répression, et les sabotages réguliers, il faut noter les actions significatives suivantes Libération de la prison de Villefranche le 6 juin Arrivée de la division Das Reich ou plutôt retour de la division le 8 juin La tragédie de Gabaudet le 8 juin 14 juillet 1944 dans l’Ouest Aveyron L’exécution de Maurice Lagarrigue à Capdenac le 19 juin Autre tragédie à Lavayssière-Capdenac le 23 juin Occupation de Decazeville le 29 juin Le maquis d’Ols aux combats de Carmaux du 12 juillet 1944 La colonne de Wilde en Ouest-Aveyron Combats de Gelles et Villefranche 10-11 août 1944 dernier raid Allemand dans le bassin houiller de Decazeville 18 août Rodez libéré sans combat 16-18 août Le maquis d’Ols dans la libération de Carmaux 19-23 août , les FTPF du maquis d’Ols dans la défense d’Albi
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