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L’année 1942 n’offre pas plus de perfectives optimistes que 1940 et 1941 . Les Allemands foncent à travers la Russie du Sud jusqu’à la Volga et aux sommets du Caucase. Le drapeau à croix gammée flotte d’Hendaye à l’Elbroutz et du cap Nord à la crête. Qui peut penser raisonnablement à la victoire des alliés ?

En Aveyron, comme partout ailleurs l’avancée victorieuse des allemands rapportée allègrement par la Dépêche, qui publie aussi tranquillement les communiqués Allemands, résister paraît une vue de l’esprit vouée à l’échec Jusqu’à l’occupation de la zone Sud, le département connaît un calme relatif si ce n’est dans l’Ouest Aveyron où l’agitation n’a jamais cessée. Cependant , en réaction, la propagande et l’activité anti-collaborationniste s’intensifient en Bas-Rouergue.
Janvier : A Capdenac découverte de graffitis et inscriptions favorables à de Gaulle et hostiles au préfet Marion et à Mignonac (LFC). Découverte de tracts du Front national
Le 29 janvier 1941, le premier contingent d’internés arrive à Saint-Sulpice , Il s’agit de 255 communistes transférés du camp de Rivel (Aude) en liquidation. D’autres suivront le 21 février 1941 ; il y a déjà 1047 internés au camp. La majorité des internés, jugés « suspects au point de vue national« , sont des militants ou sympathisants communistes. Vichy veut faire de l’anti-communisme un élément de cohésion. Les responsables politiques et les délégués syndicaux considérés trop dangereux pour l’ordre public , sont envoyés dans des camps en Algérie.
Ce sera le cas d’Edmond Ginestet, maire et conseiller général communiste d’Aubin envoyé et emprisonné en Algérie avec des dizaines de camarades à Djelfa puis à Bossuet . Libéré par les troupes américaines en 1942 il s’adressa dés lors tous les jours à la population française par la voix des ondes sur les antennes de radio-France-Alger qui luttait contre l’occupant dans l’émission « Un travailleur parle à ses camarades »
Février, largage de tracts FN à Decazeville et Villefranche.
25 février 1942 : » Active propagande communiste contre la Légion à Aubin
Avril, octobre : arrestation à Decazeville, Capdenac de plusieurs militants communistes
Ouverture à Decazeville d’une annexe de la commission d’armistice sous la direction du docteur Nauck (allemand, membre de la commission allemande d’armistice à Montpellier)
Mai 1942 : création d’un groupement départemental. » mouvement social révolutionnaire « 3 membres, siège à Aubin chez Bachellerie ). Création de groupes légionnaires d’entreprise (ADA 201 W 71. RG Rodez 23 mai 1942)
Propagande, sans succès, du Mouvement Social Révolutionnaire dans le Bassin (Bachellerie et Dr.Rey)
L’appel lancé à la radio par Pierre Laval le 22 juin 1942 pour la relève des prisonniers de guerre par des travailleurs est largement et sans réserve repris par la presse du département avec leur bénédiction.(Voir la relève et le STO en Aveyron)
Juin, apparition des premières organisations résistantes :
En juin 1942, à Cransac, avec des mineurs espagnols immigrés anciens et des réfugiés politiques arrivés en 1939 (très politisés, formés socialement et à forte identité collective), originaires des Asturies ou de Guadalajara, Fombana constitue un groupe de résistance qui se réunit chez Felipe Diaz , Lopez Amadéo (H) alias « Salvador » réfugié républicain espagnol et combattant pendant la guerre civile, participe à Cransac, sous l’impulsion du PCE, à la naissance d’un groupe antifasciste avec d’autres mineurs. Il devient le chef de la IX ème Brigade des Guérilleros (MOI-FTP puis U.N.E* en totale autonomie). *U.N.E ,Union Nationale de tous les Espagnol qui adopta comme devise « Libérer la France pour reconquérir l’Espagne ». Ce réseau de résistance aura des ramifications à Carmaux, Laguépie, Caussade, Gaillac et Cajarc.
Le 3 juillet, le Préfet de l’Aveyron consigne : « Les communistes, pour leur part, semblent développer depuis quelque temps une campagne qui toujours sournoisemais jusqu’alors discrète, parait devoir se transformer en une propagande ouverte. Ainsi,faitsymptomatique qui en dit long, lors de l’enterrement d’un ancien militant communiste espagnol,ouvrier dans le bassin houiller de Decazeville, les camarades du défunt,espagnol et français, tous plus ou moins suspects de sympathie à l’égard du PC, ont défilés trois par trois en rangs serrés. La libération inoportune de militants communistes dangereux (Abraham, Lagarrigue, Palat) ne fait que renforcer l’idée que se font les communistes que la partie n’est pas encore réglée et qu’is ont leur rôle à jouer. »
Les autorités réagissent et arrêtent plusieurs communistes récemment sortis de prison (Abraham, Mouysset, Graisse, L Nouvion)
5 juillet 1942, en écho du discours du docteur Rudolph Schmidt relatif à la relève, Pierre Fau, rédacteur en chef de l’Union catholique écrit : »La relève, une bonne action pour un ultime effort en vue d’une place digne de la France dans l’Europe préparée par le Fuhrer »( voir la relève et le STO en Aveyron)
Début des rafles en Aveyron
Le 26 août 1942 176 juifs (58 hommes ,71 femmes ,47 enfants) sont arrêtés dans une trentaine de communes aveyronnaises et dirigés vers le camp de Rivesaltes dans les Pyrénées Orientales. L’exécution est effectuée exclusivement par la police et la gendarmerie Française.(Les Allemands n’arrivent dans le département qu’en novembre 42) .(Voir le § 5-1 la répression des juifs en Aveyron) Le préfet Marion déclarera « Le ramassage des juifs étrangers n’a provoqué que peu de réactions . Certaines âme compatissantes s’apitoient sur des cas d’espèce. En général la population pense que cela incitera ceux qui restent à se tenir tranquille. »
Le 24 septembre et le 24 octobre, les Renseignement Généraux notent le peu d’empressement des aveyronnais pour la relève : » le passage de la commission Todt dans le département a soulevé quelques polémiques défavorables à la Collaboration. 36 engagements ont été enregistrés:. (RG Rodez au Préfet 24-09-1942 ADA 201 W 72).
« Il ne semble pas que l’opinion publique ait fait de sensibles progrès dans la compréhension de la Relève « . (RG 24-10-1942 ADA 201 W 72 ).
En Octobre, implantation à Capdenac du mouvement Franc-Tireur; adhésion de cheminots à Viviez, Cransac et Decazeville, S. Juliot, R. Bonnafous (H) ils seront à l’origine en décembre 1942 du premier sabotage au dépôt SNCF de Capdenac- gare)
Grève le 22 octobre 42 aux usines Ratier : La première grève victorieuse de l’usine a lieu le 22 octobre 1942 (400 ouvriers y participent) contre la désignation de 16 ouvriers pour la déportation en Allemagne, dans le cadre de la « relève » signée entre Vichy et le Reich )
le 8 novembre 1942 , Opération Torch : Débarquement des Alliés en Afrique française du Nord (Maroc et Algérie). Ce débarquement marque le tournant de la Seconde Guerre mondiale sur le front occidental, conjointement avec les victoires britanniques d’El Alamein et soviétiques de Stalingrad

En réponse , le 11 novembre les Allemands occupent la zone Sud
La dépêche titre gentiment , « les troupes Allemandes traversent la zone libre « !!! (sous-entendu, ne changez rien , ils ne font que passer)

Les Allemands « traversent » la Zone libre mais s’installent quand même un peu partout et arrivent en Aveyron le jour même. (voir § VI-INVASION ET OCCUPATION DE LA ZONE LIBRE ) Autour de 3000 hommes stationnent dans le département (nombre fluctuant compte tenu des évènements, au maximum lors de l’invasion de la zone libre)
La Gestapo et la feldgendarmerie prennent la relève de la police de Vichy et , avec son aide, traquent tous ceux ceux qui communistes, juifs, ou suspect de résistance ont échappé aux sbires de Pétain.
Le 25 novembre, Mgr Challiot qui n’a pas sourcillé suite à la rafle des juifs par les sbires de Vichy envoie sans honte un Télégramme de soutien à Pétain » pour le succès de sa mission » dans les jours sombres consécutifs au débarquement allié en AFN »

18 décembre 1942, au cours d’un controle à la gare de Rodez, arrestation de Bédé Martial, militant communiste ayant sur lui une fausse carte d’identité et des documents. Il etait venu pour reconstituer le PC dans le Tarn-Aveyron. Une opération de police menée par la Sureté de Monpellier permet alors l’arrestation d’une soixantaine de personnes.
Décembre : Arrivée à ND de Massip des 6 premiers enfants juifs cachés par Mme Bergon, religieuse – (Capdenac ) Denise Bergon directrice du couvent de Massip, abrita quatre-vingt-trois enfants juifs et onze adultes entre décembre 1942 et juillet 1944 dans ce couvent à Capdenac. La plupart recevait de faux papiers et un nom d’emprunt.
Décembre 1942, Pierre Delpech, Decazevillois étudiant en médecine à Toulouse fait la liaison entre les jeunes comunistes du bassin houiller et ceux de Toulouse, amenant tracts et directives dans l’Aveyron à Maurel, le responsable de triangles J.C de Villefranche et à Henri Garcia de Decazeville
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