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L’union catholique du 23 septembre 1939 écrivait : « Nous vaincrons!
« (…) On les aura ! Et c’est vrai ! Comme à la Marne, comme à Verdun, l’Allemand sera vaincu…La tâche de nos soldats, qui est aussi la nôtre, est donc magnifique. C’est vraiment une croisade qui commence la croisade de la vraie liberté, de la fraternité chrétienne, la croisade de notre civilisation.(…) »
L’UnionCatholique,23/09/39
Donc huit mois après la mobilisation de septembre 39, on joue à la belote sur la ligne Maginot. Cette guerre qui n’en était pas une donnait bien une certaine sensation d’inquiétude mais elle durait depuis plusieurs mois et on pouvait l’imaginer s’étirant sur des années. Cette torpeur prit fin avec l’offensive allemande du 10 mai, mais on en avait pas fini avec les illusions. Même à la veille de la défaite, tous les journaux aveyronnais s’en tiennent, contre toute logique et avec entêtement, aux mêmes affirmations : avance des soldats français, graves dommages à la flotte allemande et à son aviation, moral au plus bas et mauvaise situation économique du III ème Reich .
La Dépêche titrait le 11 mai sur l’invasion de la Belgique, que l’ennemi avait atteint la Meuse, mais annonçait le lendemain que les français contre-attaquaient et avaient brisé « l’assaut des chars allemands » Le 18, reconnaissait que le front de la Meuse avait été percé mais en affirmant que l’infanterie allemande ne pouvait pas suivre .




La campagne contre les Pays Bas et la France dura moins de six semaines. L’Allemagne attaqua brusquement par l’Ouest le 10 mai 1940, les panzers qu’on attendait en face dévalent à travers la Belgique. A l’origine, les commandements britannique et français pensaient que l’armée allemande attaquerait, comme pendant la Première Guerre mondiale, par le centre de la Belgique, et ils postèrent donc en urgence des troupes à la frontière entre la Belgique et la France. Mais la Wehrmacht attaqua par les Ardennes au sud-est de la Belgique et au nord du Luxembourg . Les blindés et l’infanterie allemands percèrent les lignes de défense françaises puis parvinrent rapidement jusqu’à la côte Atlantique. La Belgique et les Pays-Bas se rendirent en mai. En moins d’un mois, cent mille français sont tués et plus de deux millions,50% de l’effectif total sont prisonniers. Pendant cinq années ils vont remplacer, dans l’appareil économique allemand, les mobilisés de la Wermatch. Cerise sur le gateau, Hitler vient de mettre la main sur l’essentiel du matériel et du potentiel militaro-industriel, de ce que l’on croyait être la meilleure armée du monde.
300 000 soldats français et britanniques furent évacués en Grande-Bretagne, par la Manche, à partir des plages autour de Dunkerque, Paris tomba aux mains des Allemands le 14 juin 1940.
Les régiments aveyronnais dans la bataille
Le département appartient à la 16ème région militaire de Montpellier. Un nombre important d’aveyronnais sont mobilisés dans le 15ème régiment alpin et le 122ème régiment d’infanterie. (y compris ceux qui sont « montés » à Paris) Deux bataillons du 15ème RIA sont stationnés à Albi et un à Rodez.
Le 15ème RIA passe l’hiver 1939/1940 en Lorraine, en février il fait mouvement vers la Belgique et au moment de la ruée allemande, il lutte Héroïquement sur la Basse-Somme. Il est capturé le 12 juin à saint-Valéry en Caux. Le 122ème RI part vers la Meuse et jusqu’en décembre tient les avant-postes sur la ligne Maginot. En mai, au moment du repli, le 122ème protège la retraite de l’armée. Le 20 mai, le deuxième bataillon défend trois ponts sur l’Escaut. Le troisième bataillon sera le dernier carré de Dunkerque. Le 3 juin il attaque sur le canal de la « Basse-Colmes » mais est obligé de se replier faute de munitions. Sous un terrible bombardement, les débris du bataillon gagnent Saint-malo-Les-bains où se trouvent des milliers de soldats mais pas un bateau . Le 4 juin ils sont faits prisonniers.
Ainsi le sang des aveyronnais a coulé sur les champs de bataille de Belgique, de Flandres et de Dunkerque où bon nombre d’Aveyronnais reposent désormais au sein des cimetières militaires de Teteghem ou de Zuydcoote, Ferrieu, Courtaillac, Osty, Hérail… Triste bilan : 412 rouergats tués face aux allemands* , 9401 prisonniers (183 mourront en captivité) la plupart ne reverront l’Aveyron qu’en 1945. 200 environ ont réussi l’évasion mais beaucoup d’évadés malchanceux (300 environ ont finis dans les camps de reprèsaille et d’extermination de Rawa-Ruska.
*Ces morts comme les cent mille morts du printemps 40 sont les morts « oubliés » qui, dans les livres nombreux qu’on a écrits sur la chute de la France n’apparaissent qu’au détour d’une page, un peu par hasard. Pourtant 100 000 à 120 000 morts (Les chiffres varient selon les sources mais restent du même ordre pour tous) en 45 jours, c’est considérable, à titre de comparaison entre le 21 février et le 30 avril 1916 à Verdun, soit au plus fort de la bataille il y a eu 68 000 tués.
Au delà de la déliquescence et la veulerie de la majeure partie de l’état major et l’essentiel des cadres supérieurs qui se sont enfuis à l’arrière, treize officiers généraux sont morts résistants aux nazis, et ce nombre de morts n’est pas la conséquence de quelques escarmouches qui n’auraient pas suffit à provoquer la mort de plus de 100 000 homme, mais prouve que nombre de français se sont battus (la 1ère armée à Lille, la division blindée de De Gaulle, le 16 ème corps Falgarde à Dunkerque etc… Les aveyronnais du 15ème RIA et du 122ème RI sont de ceux-là. Ces hommes qui ont choisi de faire face aux nazis au péril de leur vie et les milliers de morts méritent d’être considérés comme des résistants avant la lettre.
Du militant ouvrier antifasciste s’engageant contre Franco en Espagne au général de famille noble mourant un mousqueton à la main face aux troupes d’Hitler nous pouvons déjà nous faire une idée de la diversité des racines de la résistance.
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