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En Aveyron deux quotidiens principaux : la » Dépêche » et « l’Union catholique « . Des hebdomadaires : « La croix de l’Aveyron » hebdomadaire de « l’union catholique « , Le journal de l’Aveyron » et le « courrier de l’Aveyron » , « le Rouergue Paysan » . « La semaine religieuse ». Ils paraîtront sans interruption de 1939 à 1944 et collaboreront allègrement et sans nuance avec Vichy et les Allemands et feront évoluer la résistance dans un environnement excessivement défavorable.
La dépêche :
Journal des faits divers et du sport, radical-cassoulet tout puissant (230 000 exemplaires vendus en 1939 et 300 000 sous l’occupation) avec un système d’éditions locales très lues en région. Ayant salué l’interdiction du PCF en 1939, la Dépêche qui titre en février 1940 à propos des communistes : » les thénardiers de la trahison » et écrit » les traites Français qui tirent au ronéo dans les caves des tracts clandestins à la gloire de Moscou » entre dans ses heures noires et continuera a paraître comme si rien n’avait changé . Pendant l’Occupation le quotidien collabore et fait en sorte que la résistance évolue dans un univers d’information franchement défavorable . Ce journal qui s’enorgueillit d’avoir eu la collaboration de Jaurès à partir de 1940 soutient le gouvernement du maréchal avec le même enthousiasme que jadis il a défendu le gouvernement Daladier . Dire qu’il a eu une certaine complaisance avec les autorités en place relève de l’euphémisme.
Elle présente le débarquement allié en Afrique du Nord en 1942, comme une attaque anglo-américaine (9/11/42)

L’invasion de la zone libre comme une simple « traversée des troupes allemandes pour aller occuper des lignes de défenses sur la côte méditerranéenne »(12/11/1942)

Elle célèbre les départs pour la relève et le STO comme les « heureux résultats de la politique du gouvernement et de la contribution du travail français à l’effort européen »(23/2/43)

Elle publie le témoignage d’un prisonnier libéré qui décrit la captivité comme des quasi-vacances( 1er mai 1943)

Et commente l’entrevue entre Laval et Hitler : « Une étape décisive a été franchie : la France a retrouvé sa place de grande puissance « (3/5/1943)

Elle publie des appels d’engagements à la LVF « une vie d’actions , d’enthousiasme, d’idéal t’attend…Tu trouveras les meilleurs des français qui déjà combattent pour la civilisation contre la barbarie »(16/3/1943) La résistance n’est représentée qu’a travers « d’odieux attentats » (25/2/1943) et la fait apparaître comme source d’anarchie, de désordre, de désunion. A Partir de novembre 1943, la dépêche publie sans sourciller les avis et communiqués allemands annonçant à la population l’exécution de « terroristes « comme celui du 13/11/1943 : « Hubert Arnaux étudiant à Toulouse,Edmond Guillot, étudiant à Toulouse, Jacques Sauvegrain étudiant de Lardenne, André axère employé à Toulouse condamnés à mort le 24 octobre 1943 par un tribunal militaire allemand pour avoir participé à des actes terroristes »
Et dénonce « les raids de terreur de l’aviation anglo-américaine sur des villes françaises (14/3/1944)
Même le débarquement en juin 1944, qu’il présente comme « une simple tentative anglo-américaine » combattue par « les contre-attaques allemandes »

Elle encense la personnalité de Philipe Henriot « sauvagement assassiné, un de ces français de la lignée militante des J Darnand, de M Déat , de ces français qui ne séparent pas la cause nationale de la cause européenne »(29/6/1944) et demande « la juste punition des criminels »(24/7/1944)


La Dépêche, durant toute l’occupation, a donc présenté aux lecteurs une version pétainiste et même pro-allemande de la situation faisant évoluer la résistance dans un environnement hostile. Interdit de publication à la Libération pour collaboration, le titre ressort en 1947 sous le nom de La Dépêche du Midi. Il déloge alors après un conflit judiciaire le Patriote du Sud-Ouest, journal du Front National (communiste et avec de vrais résistants) qui avait hérité de ses locaux . Reprenant sa ligne radicale et anti-communiste (le PCF vient d’être exclu du gouvernement ). Entre 1959 et 1971, l’ancien chef de la police de Vichy René Bousquet, responsable notamment de la rafle du Vel-d’hiv., dirigera le conseil d’administration du journal.
L’Union Catholique » et son hebdomadaire la croix de l’Aveyron : (40 000 exemplaires dans le département)
Depuis sa création en 1890, ce journal et son hebdomadaire en lutte permanente contre les « ennemis » de la France chrétienne communistes, socialistes, franc-maçons, laïques avaient en plus une forte tendance antisémite(Euphémisme) . Pour la Croix de l’Aveyron l‘arrivée de Pétain était un véritable don du ciel qui allait lui permettre de mettre en œuvre ce qu’il préconisait depuis toujours. Sans surprise, ultra-pétainiste, sa collaboration fut totale du premier au dernier jour. Après la poignée de main entre Hitler et Pétain à Montoire, Pierre Fau, rédacteur en chef du journal, écrit : « Dominant sa victoire, l’Allemagne, non seulement ne veut pas nous écraser, mais encore nous offre de nous associer à la reconduction de l’Europe » « L’intérêt de de la France exige la collaboration, suivons là en toute confiance, suivons le maréchal » Stigmatisant le péril juif dan ses colonnes : « Qu’est-ce qu’un juif « ? L’union catholique 11 août 1941« il n’est pas un citoyen qui ne comprenne l’inéluctable nécessité de jeter le juif hors de la communauté nationale » Interdit sans surprise à la libération, son rédacteur en chef Pierre Fau fut exécuté par les FTP.

L’influence malfaisante de « l’Union catholique » et de son hebdomadaire « la croix de l’Aveyron » a été considérable pendant toute l’occupation . »Un rouage important de l’œuvre de propagande « dixit Monseigneur Challiol en 1940. Les abonnements ont doublé entre 1939 et 1942 et atteindront un plafond de 23 175 exemplaires en mars 194. Au 18 août 1944, moment de sa suppression,restaient le nombre considérable de 22 448 abonnés à ce torchon collaborationniste et antisémite (Le « basculement de l’opinion » et la dégradation de l’opinion vis à vis de Vichy observés partout ailleurs au fil des évènements n’a semble t’il pas été très sensible en Aveyron)



Le journal de l’Aveyron
Fondé en 1796, organe des notables monarchistes et catholiques, quelques exemples de prises de position de ce journal démontrent un pétainisme sans nuance : A propos du sinistre préfet Marion lors de sa mutation à Annecy du 18 décembre 1943 : « Le Rouergue gardera de lui le souvenir durable d’un de ses préfets les plus éminents » Puis le 8 janvier 1944 : « Avec quel soin éclairé il sut choisir les maires des grandes villes , avec quelle sagacité il sut éliminer ceux qui ne répondaient pas aux directives du Maréchal » A disparu corps et bien à la libération .


La revue religieuse de Rodez
Pendant l’occupation elle sera la voix de l’église catholique ralliée sans état d’âmes à la révolution nationale de Pétain, et dénoncera sans nuances à longueur de titres les anti-français, franc-maçons, communistes, juifs, « coalition diabolique, ruine du pays et de la famille«


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